Donner un prix à la nature, pourquoi et comment ?
avec François PRUVOST, Ingénieur économiste
La nature n’a pas de prix, mais elle a une valeur et la protéger a un coût.
Comment réconcilier ces approches contradictoires alors que tout ou presque est devenu marchandise dans notre monde contemporain ? Comment faire prendre en compte par tous : entreprises, citoyens, collectivités territoriales, pouvoirs publics, etc... leurs impacts sur la nature ?
Car nous ne payons pas le vrai prix des choses.
Diverses pistes ont été ou sont expérimentées dans un désordre certain : réparations, taxes, paiements pour services écosystémiques, marchés de droits d’émission, droits d’eau et d’utilisation du sol, compensations, bonus/malus tant pour les équipements des particuliers que pour le choix des investissements publics...
Une petit boîte à outils d’économistes peut contribuer à y voir plus clair. Elle comprend : la définition technique d’un bien commun, le repérage des externalités, et l’actualisation pour évaluer des effets à long terme. Ces instruments permettent dans divers domaines d’organiser les données pour estimer la « prime » à ajouter à l’étiquette du marché pour déterminer le vrai prix ou « prix social » des biens et services.
Pour lutter contre le réchauffement climatique, les analyses coûts/avantages laissent maintenant la place aux méthodes coût/efficacité, plus précises : jusqu’à quels sommets devrait monter la taxe carbone pour parvenir au ZEN (Zéro Émission Nette) ?
Pour préserver la biodiversité la question est plus complexe... précisément parce qu‘elle est diverse : c’est alors une approche par compensation des externalités négatives qui, par ces coûts de compensation, permet de réintégrer dans un bilan économique leur coût social. Où en sont ces pratiques aujourd’hui et sont-elles efficaces ?
La monétarisation de la nature et des externalités n’est pas applicable partout, mais la développer en reconnaissant ses limites éclaire les choix publics et privés.